JJournal – 27 juillet 2017

Aujourd’hui, c’est le jour de l’exécution de mon frère Taichin Preyor. C’est la date qu’a choisi l’Etat du Texas pour l’assassiner au nom de la justice, et si l’Etat obtient ce qu’il veut, Taichin ne verra pas se lever le jour demain. C’est particulièrement difficile pour moi de penser que ces hommes avec qui je me suis si intimement lié soient jetés hors du monde des vivants. Quand leur heure approche, je songe alors à tout le temps que j’ai moi-même passé à regarder la mort en face, et à ce sursis obtenu à moins d’une semaine de ma propre exécution.

Je crois que je me trouvais déjà depuis environ deux mois dans l’antichambre de la mort (death watch) quand ces monstres ont amenés « Big Tai » dans cette partie de la prison. C’était la DERNIÈRE chose que je voulais voir. C’est déjà assez dur de devoir faire face à ce à quoi vous êtes confronté,  comment étais-je censé réagir alors que l’un de mes meilleurs amis était préparé pour l’abattoir, tout comme moi ? C’était presque trop dur à supporter. J’ai été heureux que l’avocat de Big Tai parvienne à persuader les juges d’annuler sa date d’exécution; ainsi, il ne resterait dans l’antichambre de la mort qu’un mois, peut-être. Mais, un peu plus tôt cette année, il s’est vu signifier une autre date d’exécution, et ça fait trois mois qu’il est de retour dans l’antichambre de la mort.

Aujourd’hui, à 17 heures, j’ai entendu les dernières nouvelles concernant Big Tai sur la station de radio de l’Etat du Texas, ils ont dit que son appel était en suspens auprès de la Cour Suprême des États-Unis. Je crains que ce ne soit pas une bonne nouvelle. La Cour Suprême suspend rarement les exécutions. Je viens d’écouter « Execution watch » (programme radio qui retransmet les exécutions) et je sais que son appel à été déposé à 16 heures. Ça va durer jusqu’à la nuit.